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Judo : cinq (bonnes) raisons de croire au sacre d’Amandine Buchard

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Photo: Florent Bouteiller

Photo: Florent Bouteiller

Inconsolable après sa finale européenne perdue d’un rien face à la Hongroise Eva Csernoviczki fin avril à Montpellier, Amandine Buchard a séché ses larmes. A 19 ans, la benjamine de l’équipe de France a réalisé une année 2014 époustoufflante. Encore junior, la jeune femme a réussi à imposer son nom et son style dans l’élite du judo mondial. Lundi 25 août, elle entre en lice aux championnats du monde à Tcheliabinsk en Russie. Et tout laisse à penser qu’une première grande performance l’attend. Mais gare ! Dès le premier tour, elle sera opposée à la championne olympique Sarah Menezes qu’elle avait battue en février au Tournoi de Paris. L’occasion idéale pour la Brésilienne de prendre sa revanche. Pour autant, Amandine Buchard ne se démonte pas. « Championne olympique dès le premier tour ! C’est ça qui est bon. Autant vous le dire, c’est la guerre », commente-t-elle à chaud. Au Tapis ! donne à ses lecteurs cinq bonnes raisons de penser que l’or lui tend les bras.

Le mental, sa force première

« Je suis une compétitrice, je n’aime pas perdre », répète à l’envi Amandine Buchard, le regard déterminé, pour justifier sa déception aux championnats d’Europe à Montpellier où elle s’est classée 2e. Là où toute athlète encore junior (comme elle) se serait réjouie d’une pareille performance, la native de Noisy-le-Sec ne se pardonne pas d’avoir laisser filer le titre continental. Son manque d’expérience à ce niveau lui a joué des tours en finale. Intransigeante avec elle même, la judoka n’est pas du genre à se trouver des excuses. « Je refuse de me dire que mes performances sont bonnes pour une junior, explique-t-elle. Avec ce système de pensée, on se fait vite rattraper. Et si je baisse la garde, le revers peut être fatal car il y a plein de filles qui rêvent de prendre ma place. Si les entraîneurs m’ont sélectionnée en équipe de France, c’est parce qu’ils pensent que j’ai les capacités de gagner des médailles d’or. Et à ce niveau là, je ne dois pas les décevoir. »

Son envie de tout gagner

Cela va de pair avec son mental d’acier. Lorsqu’on écoute Amandine Buchard parler de ses objectifs, on comprend bien vite qu’elle ne se fixe pas de limite. « Je veux gagner les Jeux olympiques de 2016 en -48 kg », fixe-t-elle comme lointain objectif. Une longue route aux deux escales majeures qui lui donneront l’occasion d’empocher deux titres mondiaux. Le premier, elle le remportera peut-être dès lundi. Le second en 2015 au Kazakhstan. Double championne du monde et championne olympique des légères, la judoka aurait alors le champ libre pour visiter la catégorie des -52 kg, s’illustrer et y imposer sa loi.

Pour comprendre l’acharnement qui l’habite, un rapide flash-back s’impose. « En cadette, j’ai pris conscience que je voulais devenir une championne. Mais le vrai déclic pour moi s’est produit lors d’un stage à Bourges. Je voyais Frédérique Jossinet et Laetitia Payet se tirer la bourre pour participer aux JO de Londres et je voulais leur piquer leur place. » Trop jeune à l’époque (16 ans et non classée à la ranking-list) pour rentrer dans la course à la sélection olympique, Amandine Buchard s’enorgueillit d’une chose concernant ses deux « prédécesseures » : « A cette époque, je leur posais déjà des problèmes. »

Son judo de garçon

Main au revers, tête sous l’épaule adverse et grande poussée sur les jambes. Lorsqu’il est effectué dans le temps avec rapidité, le kata-guruma d’Amandine Buchard est imparable. Toutes ses rivales, à quelques exceptions près, ont goûté ce mouvement catapulte que l’on entrevoit rarement chez les filles. « C’est drôle parce qu’à l’entraînement, je ne le fais jamais. Mais une fois en compétition, il sort tout seul et je le place souvent », explique la judoka. Pour autant, son attaque forte pourrait devenir son talon d’Achille si elle ne parvient pas à varier ses attaques. Depuis qu’elle a explosé sur la scène internationale en 2013, son mouvement d’épaule commence à être connu et décodé. En 2014, l’athlète du RSC Champigny a entamé un gros travail avec le staff de l’équipe de France pour varier ses attaques et amener avec plus de subtilité son mouvement fétiche.

Sa maturité

Photo: Florent Bouteiller

Photo: Florent Bouteiller

Double championne de France, 3e au Tournoi de Paris en février et vice-championne d’Europe en avril, Amandine Buchard n’a pas de temps à perdre. A19 ans seulement, encore junior, la judoka peut déjà se prévaloir d’un très beau palmarès. Sa maturité, à tous les points de vue, y est sûrement pour beaucoup. Appelée à 15 ans à rejoindre les tatamis de l’Insep, la jeune fille a très vite pris la décision de quitter le foyer familial pour devenir interne. Le meilleur moyen, selon elle, pour réaliser son rêve de gosse « d’être un jour une championne ». « A l’époque, je ne m’entendais pas avec ma sœur, et ma mère ne comprenait pas mon obsession pour le judo, se souvient-elle. Alors, je me suis éloignée de ma famille. Avec le recul, je me rends compte que ce n’était pas une solution car j’ai besoin d’elles. Le fait que je performe, ça les a aidées aussi à comprendre que c’était important pour moi. Aujourd’hui, on se soutient, on est très proches. Même ma sœur s’est mise au judo, c’est dire… »

Titulaire en équipe de France depuis novembre 2013, date de son deuxième titre de championne de France à Marseille, la judoka a réussi à s’intégrer dans un groupe plus expérimenté où la moyenne d’âge avoisinne les 25 ans. « Je ne suis jamais mise de côté malgré la différence d’âges. Je suis un peu leur mascotte, leur « Bubuche ». Tout le monde, même les masculins, me protège. »

Côté coulisse, la judoka est déjà taillée pour devenir une championne charismatique. Sourire aux lèvres permanent, propos pertinents et humour malicieux, la judoka est une cliente idéale pour les journalistes auquels elle se livre sans langue de bois.

Son père, le guide

Ses nombreux succès, si tôt, si jeune, elle les expliqua un jour par sa maturité, « peut-être plus grande que les filles de (son) âge ». Et sa maturité, elle l’attribua à son père, disparu en 2008 suite à une embolie pulmonaire. « Mon père pensait que je serai une grande championne. Il me suivait partout, il était toujours derrière moi à m’encourager quand j’étais petite, raconte Amandine Buchard. Quand il est mort, j’ai eu envie de tout arrêter. Continuer sans lui n’avait pas de sens pour moi. Et puis, je me suis fait violence en me disant que je n’avais pas le droit de baisser les bras. Je me suis fait le serment de devenir une championne pour lui rendre hommage. Aujourd’hui, c’est en lui que je puise toute ma force. »

Florent Bouteiller

Suivez les Mondiaux sur L’Esprit du judo

EDJLes journalistes Emmanuel Charlot, Olivier Rémy et Anthony Diao sont aux premières loges à Tcheliabinsk pour vous faire vivre l’événement au plus près. Résultats en direct, réactions, vidéos et analyse seront accessibles sur le site du magazine phare des judokas.

Pour ceux qui souhaitent voir la compétition en direct, sachez que seul BeIn Sports 1 diffuse l’événement entre 13 et 15 heures du 25 au 31 août. Aux commentaires, Vincent Parisi et Samyr Hamoudi, accompagnés d’une consultante de luxe : la championne olympique Lucie Décosse.


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